ИСТИНА број 184                                   Беч, 12. март  2008.

 

Jean-Michel BERARD
Lettre ouverte à M. Nicolas Sarkozy,
Président de la République
par Jean-Michel Bérard

Autopsie d’un crime:
la reconnaissance
du Kosovo

         Le 17 février dernier, la province serbe du Kosovo-Métochie a proclamé unilatéralement son indépendance.
      La France, oublieuse tant de ses valeurs de justice et de droit, que de ses intérêts géopolitiques et stratégiques, a été, pour son plus grand déshonneur, le premier pays à reconnaître cet Etat fantoche.
   Cette reconnaissance dont vous êtes l’inspirateur est un acte profondément anti-français. Par la politique du fait accompli et de la destruction méthodique, consciente, du droit international, elle consacre de surcroît la fin de l’ONU. Le nazisme avait tué la SDN, la trahison française a tué l’ONU. (1) Quelle honte pour notre pays, que de s’afficher dans une telle lignée ! Paris renie ainsi tous ses principes : l’intégrité territoriale des Etats est l’essence même de la Charte de l’ONU et la base du droit international depuis 1945. L’Acte final d’Helsinki de 1975 proclame l’intangibilité des frontières des Etats européens. La Convention de Vienne de 1980 interdit le recours à la coercition, au chantage ou à la force pour obliger un Etat à signer un traité. La résolution 1244 des Nations-Unies réaffirme la souveraineté de la Serbie sur la province du Kosovo-Métochie. Dans son article 5, notre propre Constitution, loi fondamentale, fait du Chef de l’Etat que vous incarnez, le garant du respect de ces textes internationaux.
      Jamais, au grand jamais, l’on a ainsi déchiré autant de traités, renié tant de fois nos propres signatures, nous affranchissant de nos obligations, de nos devoirs.
   C’est un acte anti-français parce que l’ONU, malgré ses faiblesses, ses imperfections, représentait non seulement la légalité internationale que vous foulez aux pieds, mais surtout nous octroyait le statut de puissance politique mondiale, comme membre permanent du Conseil de Sécurité disposant d’un droit de veto. C’est cette position seule qui a permis à la France de faire entendre sa voix, son originalité sur la scène mondiale. C’est cette position seule qui nous a permis de peser face à l’hyperpuissance américaine qui voulait nous entraîner contre notre gré dans le bourbier irakien. C’est cette position seule qui peut contrebalancer politiquement et nous permettre de dialoguer, d’égal à égal, avec la Russie ou la Chine. Sans l’ONU, sans la capacité de dire le droit, de pouvoir dire non et de peser sur les événements, la France n’est plus qu’un pays de second ordre, que l’on ne prendra même plus la peine de consulter. Si l’on se fourvoie dans la jungle où la force fait loi, nous ne pourrons en sortir vainqueur.

    C’est un acte anti-français parce qu’il couronne le triomphe de l’ethnicisme, au détriment de la notion française de citoyenneté. Partout dans l’ancienne Yougoslavie, nous sommes intervenus au nom du multiculturalisme, et pourtant à chaque fois, en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et maintenant au Kosovo-Métochie, l’on a consacré de nouveaux Etats indépendants ethniquement purifiés. En se faisant la championne de la conception allemande du droit du sang plutôt que de celui du sol, la France se manque à elle-même et livre une Europe morcelée à une puissante Allemagne unifiée. « Nous sommes, par tradition et presque malgré nous, les tenants d’un universalisme abstrait qui, sans ignorer les diversités ethniques, s’attache plutôt à l’homme de tous les temps et de tous les pays. Les Allemands défendent, eux, un universalisme de composition qui leur assurerait, par l’irradiation même de leur puissance, la domination sur la périphérie européenne », a écrit Edmond Vermeil dans un ouvrage paru en 1940 pendant la drôle de guerre et de ce fait, mutilé par la censure (2). Comment mieux dire en effet, que la protection des minorités ethniques, si présente dans la Constitution européenne que le peuple français a courageusement repoussé par la grande porte référendaire, mais qui nous est revenue sournoisement par la fenêtre parlementaire, est une notion totalement étrangère à la conception républicaine qui est la nôtre depuis 1789 ? Enfin, vous comprendrez que les Serbes du Kosovo, devenus « minorité ethnique » dans leur propre pays, ne croient plus guère aux garanties de la Grande Europe de « protection des minorités », depuis que lors des pogroms de mars 2004, ses soldats, notamment français, sont restés l’arme au pied. Ce triomphe de l’ethnie sur la nation me fait horreur.

   C’est un acte anti-français car il détourne de nous nos meilleurs amis d’Europe centrale et du Sud-Est. L’Espagne mise à part, tous les pays hostiles à la reconnaissance d’un Kosovo-Métochie indépendant sont des pays d’Europe centrale et du Sud-Est. Un simple regard sur une carte montre qu’une fracture s’est dessinée en Europe. L’alliance contre-nature de Paris avec un Kosovo albanais détruit nos alliances naturelles. Vous vous êtes rendu récemment à Bucarest. Sans doute avez-vous aperçu le monumental lion statufié, face au palais présidentiel de Cotroceni, au pied duquel le soldat roumain est doté d’un uniforme de poilu français… Si vous aviez poursuivi votre visite par le parc Cismigiu, auriez-vous pu y voir un autre monument, dédié à l’armée française libératrice. La Roumanie, comme la Serbie, a fait preuve d’un héroïsme extraordinaire aux côtés de notre pays dans le premier conflit mondial. Après guerre, sous l’impulsion de Nicolae Titulescu, président de la SDN, elle a joué un rôle considérable de promotion de la paix en Europe, et comme pierre angulaire du système défensif français, qui prenait l’Allemagne à revers et isolait l’Union soviétique. L’alliance des pays d’Europe centrale et du Sud-Est est d’autant plus ferme que la France est fidèle à ses valeurs. A l’inverse, c’est l’abandon français qui l’a poussé à se chercher d’autres alliances, funestes celles-là. Ainsi en est-il lorsque le pôle d’attraction devient pôle de répulsion. De même un pacte franco-albanais est-il incompatible avec le maintien d’un partenariat stratégique avec Bucarest. La Roumanie est elle-même tenaillée par un irrédentisme hongrois et sicule en Transylvanie, et accorder des droits collectifs à une minorité, comme la France le fait avec les Albanais de Serbie, est un acte indéfendable en Roumanie. C’est grande tristesse, que le Quai d’Orsay ne puisse comprendre cela. De la même manière, la Serbie possède, en plein cœur de Belgrade, un monument, non à l’armée française, mais à la France en tant que telle. Non au poilu, mais à Marianne. Dans nulle autre capitale au monde vous ne trouverez semblable témoignage de reconnaissance. Faut-il que la France ait un gouvernement si ennemi d’elle-même pour qu’elle compromette pareil capital d’amitié, et de sécurité.

   C’est un acte anti-français car l’effet domino que notre pays a cautionné pourrait fort bien se retourner contre lui. L’indépendance du Kosovo ne représentera pas un précédent dans le droit international, entend-on partout. De qui se moque-t-on ? L’on ne conçoit guère un droit international que sur le plan universel. Que serait un droit international qui s’appliquerait uniquement au Kosovo-Métochie ?

 « Si les dirigeants occidentaux continuent de se laisser ainsi guider par la lâcheté et l’égoïsme, s’ils persistent à faire des promesses qu’ils savent intenables, un nouveau droit international se mettra inexorablement en place, dont ils seront un jour, eux aussi, les victimes :

- le droit de rectifier les frontières et de déplacer les populations par la force ;

- le droit d’être reconnu comme interlocuteur valable en violant, massacrant, torturant ;

- le droit de ridiculiser les organisations internationales en leur faisant décider une politique dont elles n’ont pas les moyens. (…) Ailleurs, (…) les riches se sentiront libres de se débarrasser des pauvres, sous des prétextes ethniques ou politiques. On reconnaîtra comme une nation quiconque se déclarera telle », écrivait Jacques Attali dans le journal Le Monde, voici treize ans (3). Certes, le tropisme anti-serbe de cet intellectuel ruine toute crédibilité de son analyse du drame yougoslave et ne démontre qu’une seule chose : une méconnaissance profonde de ce pays, des tenants et des aboutissants de son éclatement. Mais force est de constater que sa vision à terme des conséquences du cynisme des démocraties occidentales sur le droit international était largement prémonitoire.

   C’est un acte anti-français car il consacre le terrorisme comme moyen légitime pour parvenir à ses fins politiques. Dois-je vous rappeler que le Premier Ministre de l’Etat fantoche du Kosovo, Hashim Thaçi, est un ancien commandant de l’UCK, une bande d’assassins que la Maison Blanche avait classé comme terroriste en 1998, pour mieux la courtiser moins d’un an plus tard ? Un individu ne devient-il fréquentable qu’à la mesure de son racisme anti-serbe ? Hashim Thaçi avait pour nom de guerre : le serpent. Tout est dit. Ce galonné du crime a les états de service d’un chacal.  Ses cibles préférées ? Les policiers serbes du Ministère de l’intérieur, qui défendaient l’intégrité territoriale de la Serbie, un droit à l’autodéfense que l’on ne concède qu’à Israël et à la Turquie. Depuis 1999, les soldats de la KFOR remplacent ces policiers. Avec la crainte de se retrouver dans l’inconfortable position de leurs prédécesseurs serbes, perçus comme une armée d’occupation étrangère. Ils l’ont déjà été. Ils le seront encore. Du sang qui sera versé alors, vous en serez comptable, M. le Président.

L’organisation terroriste basque ETA s’est réjouie bruyamment de la reconnaissance par Paris de l’indépendance du Kosovo-Métochie. Ne vous semble-t-il pas insupportable de voir notre pays en si mauvaise compagnie ? N’y a-t-il pas contradiction entre les valeurs ethnocentriques des assassins de l’ETA dont on perçoit bien la communauté d’intérêts avec les Albanais du Kosovo, et la position française fourvoyée loin de la tradition de citoyenneté qu’elle défend depuis la Révolution de 1789 ?

   C’est un acte anti-français car il ne sert que les intérêts américains et ruinent ceux de notre pays. Dans un article paru fin janvier, le quotidien slovène Dnevnik a publié un document interne du gouvernement américain dans lequel celui-ci indiquait les directives de Washington, notamment sur la question du Kosovo, au pays qui allait prendre la Présidence de l’Union européenne pour six mois. L’UE aux ordres de Washington ? Notre politique étrangère subordonnée aux diktats de l’OTAN ? Certes, je n’attendais rien de l’actuel locataire du Quai d’Orsay, encombré, comme à l’accoutumée, de ses affreuses certitudes, du contentement du Pharisien. Mais de vous, M. le Président, qui venez d’inaugurer l’historial de Charles De Gaulle, du moins espérais-je quelque pâle héritage du grand homme. Se pourrait-il que les Français, qui pensaient avoir placé un lion à l’Elysée, y découvrissent soudain un mouton ?

     Pourquoi ne pas révéler au public français l’importance stratégique du Kosovo-Métochie pour Washington, qui y a implanté l’une de ses plus grandes bases militaires au monde, Camp Bondsteel ? Pourquoi n’évoquez-vous pas le projet de corridor énergétique AMBO, l’un des buts de guerre avoués de la Maison Blanche, dans la guerre du Kosovo en 1999 ? Le soutien américain aux peuples musulmans des Balkans, pour faire passer une politique américaine hostile aux musulmans du Proche-Orient ? Les visées hégémoniques de Washington, et l’encerclement de la Russie d’une ceinture de bases militaires ? Aurions-nous sacrifié nos meilleurs atouts en Europe en jouant pour des raisons inavouables de sujétion atlantiste, la carte perverse de Washington ? Chacun sait que l’indépendance du Kosovo n’est pas la fin de l’éclatement de la Yougoslavie, mais le commencement de nouvelles guerres dans la région. La Maison Blanche se frotte les mains par  avance, de voir la Grande Europe se fourvoyer dans le labyrinthe balkanique, et prendre le relais d’un ordre qu’elle-même n’a jamais su maintenir. Mais les américains ont la vue courte, et des critères assez désopilants dans le choix de leurs alliés : l’aventure talibane en Afghanistan est là pour le rappeler, et Paris pourrait rencontrer quelques mauvaises surprises dans son mariage albanais de rencontre. Enfin, si le but était de contenir le Kremlin, il est manifestement raté : cette politique n’a réussi qu’à faire redescendre la Russie dans les Balkans.

   C’est un acte anti-français parce qu’il grave dans le marbre l’emploi du double standard en matière internationale. En visite officielle à Chisinau, Mme Rama Yade, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et aux Droits de l’Homme, a rappelé le droit à l’intégrité territoriale de la Moldavie, Transnistrie comprise. Au cours de leur longue histoire, les peuples de la région se sont toujours établis entre des frontières naturelles. Le Dniestr fut cette frontière. Pourquoi vouloir à tout prix maintenir en Moldavie un territoire qui historiquement n’a jamais été moldave puisque au-delà du Dniestr, et dans le même temps arracher à la Serbie son sol le plus sacré, celui qui est historiquement le plus serbe ? Prizren a été une capitale de la Serbie. Le Patriarcat orthodoxe de Pec, cœur spirituel serbe, a été fondé en 1219. L’Amérique, si prompte à donner des leçons de civilisation, n’existait même pas…   Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ? Derrière ce sublime fantôme se dissimule la force brutale. Un tel concept s’appliquait aux peuples colonisés, ce qui n’a aucun sens au Kosovo, et pourquoi n’accorder pareil droit qu’aux seuls Albanais ?

   Quels sont les critères objectifs pour la reconnaissance de l’indépendance d’une province en état souverain ? Sa démographie ? L’appartenance ethnique ? L’on importe pas impunément le tribalisme dans le débat public. Tôt ou tard, et plus vite qu’on ne le croit, la France se retrouvera piégée à sa propre rhétorique. Avec un tel principe, nous devrions nous séparer de la ville de Saint-Denis, qui abrite pourtant, sous la voûte de sa basilique, les tombeaux de nos rois. Même le plus farouche républicain n’aurait-il pas quelque pincement au cœur à abandonner ainsi son patrimoine historique ? Comprenez alors la position de Belgrade. Surtout qu’un poids démographique, cela se travaille, s’organise, se construit. Sur l’échelle de l’Histoire, la balance démographique ne penche que depuis fort récemment en faveur des Albanais.

   C’est un acte anti-français parce qu’il fait de notre pays le complice de la destruction barbare d’une vieille civilisation européenne. Vous souhaitez incarner une politique de civilisation, et l’un de vos premiers actes politiques est de livrer aux Philistins le cœur spirituel de la Serbie chrétienne !  Un héritage artistique, historique et religieux classé au Patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, et d’autant plus unique qu’il souligne du même coup la totale absence d’apport civilisationnel albanais au Kosovo ! D’où la violence destructrice de ces derniers… (4)

Dès le joug ottoman, bras armés de l’occupant, les Albanais ont pratiqué dans la région à l’égard des Serbes une politique de terreur et de crimes. Ces seules dix dernières années, et en présence des forces internationales, un quart de million de Serbes a fuit ses terres ancestrales, près de 150 églises ont été pillées, brûlées, rasées, les cimetières profanés, les biens immobiliers spoliés. Tout l’art des Albanais est dans le retournement, de se poser en victimes en accusant les Serbes de leurs propres turpitudes.

   C’est un acte anti-français parce qu’il sanctionne le mensonge et une version frelatée de l’Histoire. La première victime de la guerre, c’est la vérité. Il appartiendra aux historiens - et à eux seuls - de rétablir cette vérité historique sur l’éclatement tragique de la Fédération yougoslave, qu’une presse vendue aux puissances d’argent, alliée à un journalisme de bidet, par bêtise, ignorance, ou paresse intellectuelle a travesti en mauvais western. Jacques Merlino, dans un ouvrage retentissant, (5) a parlé de Tchernobyl de l’information, qui a provoqué sur les opinions publiques occidentales, ce terrible obscurcissement de la pensée.  

   En 1985, le Kosovo-Métochie était une province autonome au sein de la Serbie, et Slobodan Milosevic encore inconnu sur la scène politique. Pourtant le 1er mai de cette année là, un paysan serbe de Gnjilane, Djordje Martinovic, qui refusait de vendre ses terres à des Albanais a été retrouvé dans son champ empalé sur une bouteille. Cette agression qui rappelait les heures les plus sombres de la domination turque a secoué d’horreur la Yougoslavie toute entière, d’autant que les autorités communistes, au nom de la paix interethnique, ont nié l’événement puis finalement déclaré que la victime s’était automutilée… Mais qui espérait-on duper, alors que cet affreux supplice nécessite l’office de trois bourreaux? Cet autisme, ce refus de voir la réalité en face, d’appeler les choses par leur nom, n’ont pas porté chance à la Fédération yougoslave, décédée depuis de mort violente. Qui pourrait dire alors si l’UE, à trop bien l’imiter, ne la suivra pas dans son naufrage ? Un rapport commandé par la Bundeswehr, daté de janvier 2007 et que vous ne pouvez ignorer, conclue que « la communauté internationale se retrouve au Kosovo dans la situation d’un refus grotesque de la réalité. La porte est ouverte pour une escalade de la violence plus terrible encore. » (6)

   C’est un acte anti-français car il leurre nos compatriotes sur une « influence française » au Kosovo. La France fut une alliée historique de la Serbie. Si Paris l’a oublié, les Albanais, eux, s’en souviennent et se méfient de nous. Aussi est-ce vanité de croire que l’on sera en mesure de leur imposer quoi que ce soit. 40.000 soldats de la KFOR n’ont pu empêcher une épuration ethnique sans précédent, dans le silence général, après juin 1999. En mars 2004, les pogroms anti-serbes n’avaient rien de spontanés et nos soldats, parfaitement informés, ont laissé faire la foule haineuse, comme le confirme le rapport d’information parlementaire publié en décembre. (7) L’impunité totale dont les extrémistes albanais ont bénéficié les rend plus redoutables que jamais. Aujourd’hui, 17.000 soldats sont présents dans la province serbe. Il est illusoire d’imaginer qu’ils suffiront à tenir un territoire montagneux avec une population parfaitement rompue à la désinformation et à la guerre d’embuscade.

    C’est un acte anti-français car il accorde une respectabilité à un Etat mafieux dont les trafics n’épargnent pas notre pays. Le Kosovo-Métochie, indépendant ? Soyons sérieux. Il n’y a pas de souveraineté sans souveraineté économique. Or le Kosovo a un PIB équivalent à celui du Rwanda, les 2/3 de sa population sont au chômage. Pristina ne produit rien, importe 100% de son alimentation et la quasi-totalité de son énergie. La Serbie, qui ne reconnaît pas cet Etat fantoche, est son premier partenaire économique, ce qui est normal, puisqu’il est sa province. L’ « économie » du Kosovo, si telle doit–on l’appeler, est de type mafieux. Pristina est la plaque tournante de tous les trafics en Europe, armes, drogues, prostitution, que trahissent les indices bien connus du blanchiment d’argent sale, la prolifération anormale des stations d’essence, des maisons de jeu et des constructions de villas luxueuses, sous le nez de la double administration internationale. Deux milliards d’euros des contribuables européens investis dans le puits sans fond du Kosovo se sont « égarés » dans les poches de la mafia albanaise, et font des Kosoviens l’une des populations les plus subventionnées, les plus assistées du monde. Et l’UE s’apprête à remettre le couvert, avec plus de 300 millions d’euros d’aide supplémentaire.

   Bien sûr, ce n’a jamais été le droit ni la justice qui ont guidé les grandes puissances, mais bien l’intérêt. Sans doute des firmes françaises, notamment dans les télécommunications et le bâtiment, espèrent-elles quelques profits juteux. Ce sera le cas tant que l’ONU, bonne fille, règlera l’addition. Car seul un Kosovien sur deux s’acquitte de ses factures d’électricité, pour ne prendre que cet exemple. Et souvenez-vous que Judas n’a guère profité de ses trente deniers.   Seul le respect dû à votre fonction me retiens de vous dire le mépris, le dégoût, la colère que m’inspire une décision indigne et inique. Bien sûr, Droit, Justice, Vérité ne sont que les paravents qui habillent le cynisme des Etats. Mais ces principes sacrés, la France les revendique comme siens, et moi, je la prends au mot ! Et lorsqu’elle manque à ses sublimes mobiles, lorsque la France se manque à elle-même, je lui demande des comptes !

Je serai, sous le sac de cendres qui me couvre,
La voix qui dit « malheur ! » La bouche qui dit « non »… (8)
Veuillez croire, M. le Président, en l’assurance de ma grande honte, et de mon profond accablement.

                                                                                            Jean-Michel BERARD

                                                                                    Chroniqueur au mensuel B.I. Balkans-Infos

                                                            Membre de l’association Vérité et Justice

(1) Le quotidien roumain Ziua (« Le Jour ») titrait  le 18 février 2008: « Le Kosovo est né, l’ONU est morte » (éditorial de Cristian Unteanu)
(2) Edmond Vermeil, L’Allemagne, essai d’explication, Editions Gallimard, 1940, p.17
Quelques semaines plus tard, le livre était interdit, ses exemplaires détruits, et la Gestapo se rendait au domicile de son auteur, qui avait fort heureusement pris le chemin de Londres.
(3) Le Monde, 14 juin 1995 : « Poker et mat en Bosnie », éditorial de Jacques Attali.
(4) Voir sur les images de CNS, la rage albanaise contre les témoignages chrétiens multiséculaires, tandis que la KFOR prend honteusement la poudre d’escampette:
http://www.cnsnews.com/video/2005/KosovoChurchDesecration.wmv
(5) Jacques Merlino, Toutes les vérités yougoslaves ne sont pas bonnes à dire, Editions Albin Michel, 1993
(6) Institute for European Policy, Operationalizing of the security sector reform in the western Balkans :
http://www.balkanforum.org/IEP-BND/iep0001.PDF
(7) Assemblée nationale, Rapport d’information n°448, « Quel avenir pour le Kosovo », décembre 2007, p.32 :
http://www.assemblee-nationale.fr/13/rap-info/i0448.asp
(8) Victor Hugo, Les Châtiments, Editions Gallimard


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