L’AGONIE
DE L’EUROPE AU KOSOVO
Lorsqu’il
y a un mois, dans le cadre de notre mouvement souverainiste,
le professeur Jean-Paul Bled et moi-meme, en envisageant
cette réunion, nous nous mîmes d’accord pourl’appeler
Du Kosovo a la Mésopotamie: la civilisation en danger,
nous faisions un simple constat des ravages déja
provoqués par la politique désastreuse des
dirigeants occidentaux dans les Balkans et au Proche et
au Moyen-Orient. Cependant nous n’imaginions pas qu’une
nouvelle vague de barbarie allait se lever si vite dans
le sud-est européen, et que de nouveaux dégâts
ne tarderaient pas a y etre infligés a la civilisation.
Or, c’est exactement ce qui vient de se produire au Kosovo
lorsque, le 17, le 18 et le 19 mars, une trentaine d’églises
et monasteres chrétiens orthodoxes de diverses époques,
allant du XIIe au XXe siecle, ont été incendiés
par les Albanais. En meme temps ils ont attaqué les
Serbes vivant depuis toujours autour de ces hauts lieux,
en assassinant les uns, en molestant et en chassant les
autres, en pillant leurs biens et en brulant leurs maisons.
Le cauchemar séculaire albanais se poursuit au Kosovo.
Laissant
a notre ami Ninoslav Randjélovic de témoigner,
images a l’appui, de l’étendue de la catastrophe,
je me limiterai a citer un seul de ces joyaux de l’architecture
et de la peinture murale médiévales, ayant
péri dans les flammes allumées au Kosovo par
les élus et les protégés des médias
et des politiciens de l’Ouest, les Albanais: la Bogorodica
Ljeviska, Notre-Dame de Prizren, fondation pieuse du roi
Milutin, fils du roi Uros et de la reine Hélene d’Anjou,
datant du tout début du XIVe siecle. Ce sont donc
huit siecles du patrimoine européen qui viennent
de sombrer dans la nuit barbare au Kosovo et, si les mesures
les plus urgentes ne sont pas entreprises, le meme sort
attend d’autres splendeurs de la civilisation qui y demeurent
encore, notamment l’ensemble des églises du Patriarcat
de Petch du XIIIe siecle, l’église de la Vierge a
Gracanica et du Christ Pantocrator de Decani, élevées
dans les années 20 et 30 du XIVe siecle. De toute
évidence, et contrairement a ce que proférait,
au lendemain de l’occupation du Kosovo par l’OTAN en été
1999, l’apôtre de la guerre dite humanitaire, Bernard
Kouchner, que l’Europe était née au Kosovo,
pendant qu’elle y recevait des coups terribles avec la vague
de la terreur albanaise qui s’abattait alors sur les Serbes,
l’Europe, au cours des cinq années écoulées,
n’a cessé d’y agoniser. Et la preuve en est que les
250.000 Serbes, poussés alors a l’exode, n’ont pas
encore regagné leurs foyers, que pres de 150 de leurs
églises et monasteres ont été détruits,
que le crime, la prostitution, le trafic des etres humains
et l’insécurité totale regnent dans la province.
Le constat est terrible: loin d’etre ce phare de l’Europe,
annoncé par le pitre humanitaire, le Kosovo en est
devenu le trou noir.
Alors,
des questions se posent: comment se fait-il qu’au moment
meme ou l’Europe se constitue en une vaste communauté
de nations ou chacune d’elles est sensée s’intégrer
avec son patrimoine, un espace ethnique et culturel éminemment
chrétien y disparaît a jamais? Comment se peut-il
qu’au bout de cinq siecles d’occupation turque du Kosovo,
malgré les massacres et les exodes, s’y maintenait
en 1912, a la veille de la libération du Kosovo,
plus de 50% de Serbes; qu’a la fin de quatre années
d’occupation fasciste italo-allemande de la province en
1945, il en subsistait encore 25%; et qu’en 1990, au terme
de cinquante ans de regne communiste antiserbe, il en demeurait
quelque 12%, alors qu’apres ces cinq dernieres années
de la présence de l’OTAN, de l’ONU et de l’Union
européenne au Kossovo, il risque de ne plus y rester
un seul Serbe? Est-il concevable, enfin, que d’un millier
d’églises a l’époque médiévale
au Kosovo, quelque 200 ont survécu aux 500 ans d’oppression
turque et de regne de l’islam dans les Balkans, alors que,
apres cinq ans seulement d’administration de la province
par la fameuse communauté internationale, il est
certain que, si les choses continuent de suivre leur cours
fatal actuel, il n’en subsistera plus aucune? Nos humanistes
et nos démocrates auraient-ils été
plus efficaces, se seraient-ils montrés plus dévastateurs
que ces régimes, l’un plus tyrannique que l’autre,
qui les ont précédés et a l’ombre desquels
les Albanais s’étaient emparés en grande partie
du Kosovo, alors qu’ils en sont a présent les maîtres
absolus?
La
réponse a ces graves interrogations est simple et
tient dans le fait, extremement accablant pour les dirigeants
occidentaux, que toutes leurs décisions concernant
les problemes de l’ex-Yougoslavie ont été
systématiquement prises non pas en fonction des réalités
historiques, ethniques et religieuses sur le terrain, mais
en fonction d’abstraits criteres idéologiques tels
que les droits de l’homme et la démocratie. Selon
la fable, créée et entretenue par les médias,
les Albanais et les islamo-bosniaques, oppresseurs séculaires
des Serbes, en seraient avec les Croates, tres respectueux,
alors que les Serbes ne le seraient point et qu’il fallait
le leur faire expier. Lorsque nous soutenions, dans la mesure
ou nous en avions l’occasion, face a nos oracles médiatiques
et politiques, que les déchirements en ex-Yougoslavie
s’expliquaient par l’histoire tourmentée de ses peuples,
ils répondaient qu’il n’en était rien, et
appelaient aux frappes aériennes de l’OTAN contre
les Serbes, tout comme Gobbels menaçait de sortir
son revolver quand on lui parlait de culture. Or, tenter
de résoudre les conflits entre les peuples, en occultant
et en pervertissant leur passé douloureux, équivaudrait
a vouloir traiter les malades sans tenir compte de l’histoire
de leur maladie, comme cela se passe effectivement dans
les comédies de Moliere, avec des résultats
tout aussi désastreux que ceux de nos politiciens
qui font fi de l’histoire des nations. Il ne faut point
s’en étonner, puisqu’on n’a pas trouvé de
meilleur remede a appliquer aux profondes plaies balkaniques,
que les tartufferies du docteur Kouchner et de ses comparses.
A
ce scandaleux refus et mépris de l’histoire en faveur
de l’idéologie, s’ajoute la fixation démographique
excluant tout autre raisonnement: les Serbes ont eu beau
élever de magnifiques temples a la gloire du Christ
au Kosovo, y subir le martyre pour la défense de
leur foi et créer, par la suite, la sublime Epopée
du Kosovo, l’une des perles de la poésie universelle
— n’importe ! le Kosovo, par la volonté de décideurs
extérieurs, ne peut pas etre aux Serbes ! Il doit,
toujours selon ce meme arbitraire, appartenir aux Albanais
du fait qu’ils y sont majoritaires sans pour autant se demander
d’ou vient une telle multitude au cour de la Serbie, ni
sans tenir compte qu’ils n’y aient aucune trace de leur
civilisation, absolument rien, hormis le nombre et la violence.
L’autre facteur néfaste, indissociable du précédent,
dans le traitement des problemes balkaniques, constitue
le comportement des médias qui, irresponsables, ignorants,
conformistes ou corrompus, n’ont fait, en ce qui concerne
les Serbes, que mener depuis de ongues années un
combat gigantesque contre la vérité, au lieu
de la dispenser. Ils n’ont cessé de diaboliser les
Serbes et d’angéliser leurs adversaires, que ce soient
croates, islamobosniaques ou albanais; d’amplifier les
crimes serbes, et de dissimuler, justifier voire exalter
comme des exploits ceux des autres; d’occulter les malheurs
serbes ou de s’en gausser, et de pleurer sur ceux des parties
adverses; de s’emparer de la moindre rumeur lancée
au sujet des Serbes comme d’une vérité établie,
et d’ignorer les évidences les plus absolues quand
elle viennent de la part de ces derniers.
On
les a vus encore ces temps-ci présenter les pogroms
albanais sur la population serbe comme des affrontements
interethniques, et propager la fable des enfants albanais
prétendument noyés par des Serbes, malgré
les démentis des responsables civils et militaires
internationaux sur place, et malgré leurs affirmations,
réitérées par le Secrétaire
général de l’OTAN, que la derniere vague de
la terreur albanaise était bien planifiée
afin de parachever le nettoyage ethnique du Kosovo. D’autre
part, tout comme ils ont tu la vérité concernant
plus de 70 soldats français tués et pres de
700 blessés par les forces musulmanes lors de la
guerre de Bosnie, les médias ne mentionnent que du
bout des levres la soixantaine de soldats de l’OTAN qui
viennent d’etre blessés, dont certains grievement,
par les Albanais, et se gardent surtout d’en montrer une
seule image. Évidemment, il faut cacher la honte
que ces chers Albanais, dont l’OTAN s’était fait
le glaive contre les Serbes, aient pu infliger une telle
raclée a leurs propres libérateurs. Imaginez
un peu le déchaînement des médias, si
les Serbes avaient non seulement blessé mais simplement
égratigné certains de ces soldats, les imprécations
qu’ils n’auraient pas manquées de lancer contre les
Serbes, les appels a leur écrasement, comme cela
s’est produit, a la suite de telle ou telle imposture, celle
de Markalé ou de Racak, de nombreuses fois durant
les trois derniers lustres.
Il
faut y ajouter l’incroyable aveuglement dont a constamment
fait preuve la classe médiaticopolitique de l’Ouest,
ainsi que la plupart de nos démocrates serbes, qui
consistait a considérer Slobodan Milosevic comme
la cause de tous les maux de l’ex-Yougoslavie, et a croire
que, une fois le terrible tyran déchu, une paix et
une concorde multiethnique exemplaires s’installeraient
a jamais au cour des Balkans. Or, depuis trois ans que,
Milosevic n’est plus aux affaires, mais au fond de la geôle
de la Haye d’ou il se défend âprement, les
choses ne se sont guere améliorées, bien au
contraire. C’est que les vieux démons albanais antiserbes
que l’Occident avait si imprudemment mis sous son aile protectrice
et érigés en sa valeur supreme, ne connaissent
pas de répit et continuent de s’agiter.
Voila,
et j’en passe, pourquoi depuis des années dans cette
partie de l’Europe, on va du mal au pire, le mot de l’Évangile: le mensonge est le mal et le pere du mal, se révélant
une fois de plus dans toute sa véracité. Cependant,
en ce qui concerne les chefs-d’ouvre de civilisation assassinés
au Kosovo, diffusons-en les hautes images via Internet,
envahissons-en l’univers, accueillons-les dans notre âme
ou elles seront invulnérables, le Kosovo étant
non seulement un espace terrestre livré en pâture
au mal, mais également et surtout, par sa dimension
historique, spirituelle, morale, culturelle, un espace privilégié
de l’absolu et, donc, indestructible. Le Kosovo est immortel.
Komnen
BECIROVIC.
Allocution
prononcée a la réunion “Du Kosovo a la Mésopotamie:
la civilisation en danger”, tenue a la Sorbonne, a Paris,
le vendredi 26 mars 2004.
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